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L'ormeau, coquillage cinq étoiles et méconnu



L'ormeau [ ou Haliotis tuberculata (Linné, 1758) de son nom scientifique], coquillage de luxe quasi-inconnu hors de Bretagne et d'Asie où il est très prisé, notamment pour les fêtes, est traqué par quelques dizaines de plongeurs français qui veillent en même temps à la préservation d'une espèce rare et menacée. Ce mollusque au goût « très iodé », « fin et léger », selon les amateurs, est apprécié des chefs. Vendu entre trente et quarante euros le kilo, il est cuisiné en Bretagne en cette période de fêtes, et se mange souvent cru et émincé au Japon où il se nomme « abalone ».

Interdite jusqu'en 1994, la pêche de cette espèce - qui ne vit que dans les eaux froides - est désormais autorisée au compte-gouttes en Bretagne, et sous haute surveillance de la direction des affaires maritimes : trente à quarante tonnes seulement sont actuellement pêchées chaque année, par une petite quarantaine de plongeurs professionnels bénéficiant d'une licence pour aller chasser ce coquillage haut de gamme.

À la manière du gibier protégé, chaque ormeau pêché est bagué. Il doit aussi répondre à des critères stricts : « La taille minimum est de neuf centimètres, ce sont des bestioles qui ont six ou sept ans et qui ont eu le temps de se reproduire deux ou trois fois, ce qui permet un renouvellement des stocks », relève Éric Foucher, chercheur à l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), qui surveille de près l'évolution du stock.

L'ouverture d'une pêche très contrôlée a permis de réduire le braconnage quasi-industriel qui sévissait avant 1994, nourrissant régulièrement la chronique judiciaire en Bretagne, affirme la direction régionale des affaires maritimes. Pionnier de la pêche aux ormeaux en plongée en baie de Saint-Malo, Philippe Orveillon assure que le marché parallèle s'est arrêté avec la mise en place des autorisations, « car les titulaires des licences étaient bien souvent d'anciens braconniers », désormais soucieux de protéger leur ressource.

« Les professionnels défendent leur gagne-pain », renchérit Ronan Le Né, du comité des pêches de Saint-Malo. Une petite partie du marché pour ce coquillage hors norme est en Bretagne, mais le gros de la pêche est exporté, notamment au Japon, où son prix peut atteindre jusqu'à une centaine d'euros. Philippe Orveillon estime que « seuls 20 % sont consommés en Bretagne ».

Protégé de la surpêche, l'ormeau sauvage a été en revanche menacé en 2005 par « un gros problème de mortalité du à une bactérie, et le stock s'est écroulé », explique Éric Foucher. Semblable à celle qui a frappé les huîtres en 2008, la bactérie a d'abord touché le sud de la Bretagne, où la pêche est suspendue, puis le nord, et enfin la Normandie où la pêche, stoppée en 2005, a rouvert ce 1er octobre « dans des conditions restreintes ».


Source :    L'Union Champagne Ardenne Picardie. Article paru le : 30 décembre 2008.



Photo : Retour de la pêche aux ormeaux

Retour de la pêche aux ormeaux
Photo extraite du site Le Perguet.


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