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Le peuplement du Golfe de Gabès par Erosaria turdus (Lamarck, 1810)

Alain Robin


Il semble bien que Erosaria turdus soit confortablement implantée dans le Golfe de Gabès, et y prospère, ayant trouvé là un biotope qui lui convient.

Découverte en novembre 2003 à Djerba par D. et J. Wimart-Rousseau en deux exemplaires vivants (Xenophora 105 de janvier 2004), puis en grand nombre (34 exemplaires vivants) toujours à Djerba par F. Boyer et C. Simbille, enfin par Delongueville et Scaillet qui ont acquis en 2004 une douzaine d'exemplaires morts auprès de pêcheurs de Sidi Mansour, cette porcelaine voit sa position renforcée par la découverte en octobre 2006, par une équipe de 12 membres de l'AFC, de 48 exemplaires morts, dans des « gargoulettes » ou pots à poulpes sur la côte Sud-Ouest des îles Kerkennah.

De plus 31 exemplaires morts ont été remis à la même équipe par le propriétaire de l'Hôtel Cercina, provenant de dragages de pêcheurs de Sfax.

Deux collectionneurs hollandais, B. van Heugten et L. Hoffman de passage aux Kerkennah nous ont dit (communication personnelle) avoir récolté sur le port de Sfax une centaine de coquilles mortes d'E. turdus provenant aussi de pots à poulpes et acheté d'autres (une cinquantaine) dans un magasin de souvenirs de Mahdia qui en offrait des centaines.

C'est donc plus de 250 pièces qui ont vu le jour en ce mois d'octobre 2006 provenant du nord du Golfe de Gabès.


Photo : Spécimens d'Erosaria Turdus du Golfe de Gabès

Quelques remarques s'imposent :


L'hypothèse avancée par Boyer et Simbille d'un peuplement à partir de larves qui auraient été transportées dans les eaux de ballast (plusieurs centaines de tonnes) d'un tanker en provenance du Golfe Persique à destination d'un terminal pétrolier ou gazier des côtes de Libye est plausible Cependant, compte tenu des courants dans cette partie de la Méditerranée, je pencherais plutôt pour une dispersion à partir de la vidange des ballasts au large, au milieu du Golfe de Gabès, avant d'arriver au terminal pétrolier tunisien de La Skhira en Tunisie, à 75 km au sud de Sfax et 50 km au nord de Djerba. Ce seraient donc les fonds du Golfe de Gabès qui auraient pu être colonisés en premier, où la population de E. turdus se serait établie pour prospérer vers les hauts fonds entourant les Iles Kerkennah et la côte tunisienne: c'est ce qu'attesteraient les récoltes abondantes de coquillages morts constatées en 2004 et 2006 dans les culs de chalut et les pots à poulpes tant sur la côte au nord de Sfax qu'aux Kerkennah. La migration vers Djerba pourrait être plus récente (population plus restreinte, sans découverte de juvéniles !)

Des recherches plus approfondies le long des côtes libyennes et du sud tunisien permettraient d'infirmer ou de confirmer cette théorie.


Jusqu'où ira-t-elle ?


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